Les projections d’orateur : ce que le public perçoit

Parler en public, c’est compliqué Hier soir, j’ai regardé un TedX en mangeant des courgettes au curry. Joli programme, mais pas de quoi en faire

Un chat miaulant dans un microphone

Parler en public, c’est compliqué

Hier soir, j’ai regardé un TedX en mangeant des courgettes au curry. Joli programme, mais pas de quoi en faire un article de blog non plus. Et pourtant, quelque chose m’a interpellée (dans le TedX, pas dans les courgettes). 

La femme qui prenait la parole n’avait rien d’extraordinaire a priori. Elle abordait un sujet mille fois traité et ce sous différents angles. Vous savez, ces sujets qui comportent les termes vie, résilience, peurs, risques, amour, arrêter, problème et j’en passe, des mots qui font la gloire des coachs en développement personnel. 

Bref, rien de très innovant dans le concept. Le TedX étant un format très codifié, il n’y avait rien de très novateur dans la forme non plus. À ce moment-là du récit, on pourrait légitimement se dire que ma recette des courgettes au curry est l’élément le plus intéressant de cet article. Mais non. (Prenez des courgettes, ajoutez du curry, le tour est joué). 

(De rien.) 

Néanmoins, malgré le sujet, malgré le contexte, cette oratrice m’a touchée. Question de sensibilité ? De talent ? D’authenticité ? Je n’ai pas de véritable réponse à cette question. Et c’est précisément cela qui est intéressant : pourquoi, à cet instant T, son exposé a eu un impact sur moi ?

De l’amour à la prise de parole, il n’y a qu’un pas

Il fut peut-être un temps dans votre vie où vous avez dû définir les cases du partenaire amoureux idéal : une personne gentille, généreuse, avec les cheveux bruns, un grand sourire, qui aime les voyages  et les vieilles maisons aux volets bleus. Armé(e) de vos certitudes, vous vous êtes ensuite lancé(e) sur le grand marché de la séduction pour voir qui serait susceptible de matcher avec vos attentes. Stupeur : face au candidat / à la candidate idéal(e), qui coche pourtant toutes les cases, l’alchimie ne prend pas. Car l’amour ne fonctionne pas (forcément) sur une liste de critères. Parce qu’il y a ce « on ne sait quoi » qui transcende les fameuses cases. 

L’exercice oratoire suit le même principe. Peut-être êtes-vous au point (ou aspirez à l’être) sur les points suivants, qui constituent la base d’une présentation orale réussie en théorie :

  • vous savez regarder votre auditoire, telle Monica Bellucci dans une publicité pour un parfum très cher
  • votre posture physique est encore plus ouverte que Mère Teresa, prête à accueillir le monde en son sein
  • vous savez projeter votre voix suave jusqu’au fond d’un Zénith
  • vous savez de quoi vous parlez, et c’est d’ailleurs extrêmement intéressant

Des ingrédients de base certes nécessaires, mais qui ne garantissent pas le succès de la recette de la parfaite prise de parole face à un auditoire.

Les projections d’orateur, kézako ?

Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas ici d’éjecter un orateur à l’aide d’une catapulte. Les projections d’orateur, c’est ce que vous renvoyez face à un public à un moment M. C’est ce « truc » qui se dégage de vous, indépendamment des techniques que vous mobilisez. 

Nous sommes ici à l’intersection de plusieurs paramètres qui entrent en jeu :

  • Qui vous êtes (votre personnalité, votre état…)
  • Les circonstances (à quoi vous adressez-vous ? Votre grand-mère ? Un banquier ? Chuck Norris ?)
  • Vos objectifs (« je veux les convaincre », « je veux asseoir mon autorité », « je veux qu’on m’aime »)

Ceci signifie que ce que vous renvoyez n’est pas votre identité, mais plutôt un extrait de vous, selon ce que vous pouvez/voulez mobiliser. Il y a donc des facettes de vous que vous pouvez activer en fonction de vos besoins. Le hic, parce que tout n’est jamais vraiment simple, c’est que l’on a rarement conscience de l’image que l’on renvoie lorsque l’on prend la parole. Normal, on ne peut pas être à la fois acteur et spectateur.

On pourrait donc dire que les projections d’orateur sont une réflexion de votre discours, dont le public constituerait le miroir. En d’autres termes, la personne qui prend la parole peut bien maîtriser à la perfection toutes les techniques de l’art oratoire, il demeurera toujours une inconnue : ce que le public perçoit et reçoit. Et c’est cette projection qui est à même de faire la différence entre différentes prises de parole face à un public.

C’est ce petit quelque chose qui tient presque du magique qui fait que malgré un sujet usité jusqu’à la corde, cette oratrice du TedX m’a captivée. “N’en déplaise aux autochtones”, comme dirait Georges Brassens. Oui, “Supplique pour être enterré à la plage de Sète” n’a aucun rapport avec ce que nous venons d’écrire, mais c’est sûrement ce qui fera le supplément d’âme de cet article. CQFD.

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